Créer et piloter un portefeuille d'ETF

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Caractéristiques

Auteur : Edouard Petit
Publication : 2017
Editeur : CreateSpace Independent Publishing Platform
ISBN : 978-1975769826
Nombre de pages : 230
Prix : 9,99 euros édition Kindle


4ème de couverture

Ce livre est le premier guide à destination des investisseurs particuliers permettant d'optimiser un portefeuille financier de manière autonome. Il décrit les fondamentaux de l'allocation d'actifs.

Ce guide répond aux questions suivantes :

  • Pourquoi les ETF sont des excellents véhicules d'investissement ?
  • Comment fonctionnent les ETF et comment les choisir ?
  • Est-il possible de surperformer le marché ?
  • Quelle est la performance intrinsèque des différentes classes d'actifs (actions, obligations, immobilier, matières premières) ?
  • Comment les classes d'actifs interagissent entre elles ?
  • Que penser des fonds en euros ?
  • Comment définir son allocation d'actifs, puis la faire évoluer tout au long de la vie ?
  • Comment investir une somme d'argent importante ?
  • Comment se protéger de l'inflation ?
  • ...et à bien d'autres encore.

A PROPOS DE L'AUTEUR

Edouard Petit est spécialiste de finances personnelles. Investisseur chevronné, mais non professionnel de la finance, il prodigue des conseils en toute indépendance.

Dans ses ouvrages, il décrit, dans un langage accessible, une méthode fondée sur des principes de gestion issus de la meilleure recherche académique. Elle permet d'accéder à une performance excellente tout en maîtrisant le risque et en n'y passant que quelques minutes par mois. Cette méthode, appelée la « gestion passive », a déjà été largement adoptée dans le monde anglo-saxon.

Son livre, Epargnant 3.0, est le premier ouvrage sur la gestion passive dans un contexte français. Il s'est vendu à plusieurs milliers d'exemplaires.

Il édite un blog de référence sur la gestion passive et les ETF: www.epargnant30.fr.


Préface de Philippe Maupas

Et si vous montiez dans le train de la révolution de l'investissement à bas coûts ? Depuis plusieurs années, les investisseurs aux Etats-Unis vendent les fonds actifs par centaines de milliards de dollars pour acheter des fonds et ETF indiciels à bas coûts. Pourquoi ? Parce qu'ils ont compris qu'en payant moins de frais ils obtenaient une performance supérieure. Cette révolution est à la portée des investisseurs français à condition de suivre quelques règles simples : définir une allocation d'actifs en fonction de l'objectif recherché, sélectionner des ETF à bas coûts, épargner régulièrement et ne pas chercher à faire de paris.

« C'est trop compliqué pour moi ». Non ce n'est pas trop compliqué, pour comprendre, il vous suffira de lire le dernier livre d'Edouard Petit.

J'ai reçu en mai 2017 un mail d'une personne que je ne connaissais pas. La première phrase d'Edouard Petit - mon correspondant inconnu - titille ma curiosité (c'est moi qui souligne en gras) : « Je suis passionné par l'evidence-based-investing et par l'investissement passif ». Diantre, qui est donc ce passionné d'evidendce-based investing (ci-après RBI), une approche de plus en plus populaire dans les pays où les futurs retraités doivent prendre en mains leur épargne-retraite (Etats-Unis, Australie, Angleterre par exemple), mais à peu près totalement inconnue en France ?

Tentons une définition simple : l'EBI est une approche de l'investissement consistant à s'appuyer sur des données factuelles et vérifiables plutôt que sur des opinions et des rumeurs.

Ma curiosité franchement piquée (je suis moi aussi passionné d'EBI), j'accepte l'invitation d'Edouard à prendre un café. Edouard me raconte son parcours d'investisseur, l'ayant conduit à emprunter des voies encore bien peu fréquentées en France, après avoir beaucoup lu les théoriciens et les praticiens de tout ce qui constitue l'EBI. Je découvre alors qu'une personne n'appartenant pas au sérail de la gestion d'actifs (Edouard est en effet consultant spécialisé dans la transformation digitale des entreprises) a accumulé une masse de connaissances considérable, seul dans son coin, et a écrit un premier livre, Epargnant 3.0, dont il m'offre un exemplaire.

Epargnant 3.0 était un coup d'essai et déjà un coup de maître. Dans ce bref ouvrage d'environ 110 pages, Edouard faisait l'éloge de la passivité en suggérant d'utiliser des ETF à bas coûts pour s'exposer aux actions (soit dans une enveloppe assurance vie, soir dans un plan d'Epargne en Actions), avec en complément une poche à faible risque investie dans le fonds euros d'un contrat d'assurance vie. Il recommandait de faire des versements réguliers sans chercher à choisir le « bon » moment. Et de laisser faire le marché boursier, qui délivre sur longue durée des performances supérieures à celles de la quasi-totalité des actifs.

Edouard me confie également qu'il termine la rédaction de son deuxième livre, dont il m'envoie les épreuves que je lis pendant l'été 2017. Dans « Créer et piloter un portefeuille d'ETF », Edouard Petit passe à la vitesse supérieure et nous emmène à la découverte de toutes les approches de l'investissement pertinentes pour un partisan de l'EBI. Le monde de la gestion adore les concepts inutilement compliqués et utilise un jargon intimidant pour le commun des mortels. Passionné d'éducation financière, Edouard Petit utilise une approche didactique. Il décrypte l'univers des ETF, ces fonds cotés en Bourse répliquant la performance d'un indice, en utilisant un vocabulaire accessible. Ce faisant, il démystifie un sujet essentiel, celui de la gestion d'un portefeuille de produits financiers. Et surtout il contribue à lancer en France un débat qui fait rage aux Etats-Unis depuis des années, et que l'on peut résumer comme suit.

Les marchés actions se sont considérablement développés et professionnalisés (« institutionnalisés ») depuis le début des années 1980. Les investisseurs privés, dominants jusque-là, ont progressivement cédé la place à des professionnels de mieux en mieux formés. Là où les particuliers détenaient auparavant des actions en direct, ils détiennent aujourd'hui des fonds gérés par des sociétés de gestion, et donc par ces mêmes professionnels de mieux en mieux formés.

Avant cette institutionnalisation des marchés financiers, les professionnels pouvaient faire la différence face à des particuliers et générer assez facilement le mythique « alpha », c'est-à-dire une performance supérieure à celle du marché sur lequel ils sont actifs, marché incarné par un indice boursier. Aujourd'hui que les professionnels traitent entre eux, cet alpha est beaucoup plus rare : quand un professionnel effectue une transaction qui s'avère payante, le professionnel avec lequel il a traité perd. C'est l'implacable arithmétique de la gestion théorisée par William Sharpe. Pour tout gagnant, il faut un perdant.

De plus, le coût de la gestion active a beaucoup augmenté entre le début des années 1980 et la fin de la première décennie du XXIème siècle. Si de nombreux gérants actifs font mieux que le marché avant frais, très peu d'entre eux font mieux après frais. Et c'est bien entendu la performance nette de frais qui intéresse les investisseurs.

Tant qu'il n'existait pas d'alternative à la gestion active, les gérants actifs pouvaient dormir tranquilles. Heureusement pour les investisseurs, deux phénomènes se sont conjugués pour diminuer le coût de la gestion : la fondation de Vanguard aux Etats-Unis en 1975 d'une part, et l'invention des ETF avec le lancement du premier produit en 1993 d'autre part.

Vanguard, créé aux Etats-Unis par Jack Bogle, est depuis le premier jour champion de l'investissement à bas coûts. Surtout connu pour sa gestion indicielle, avant tout via des fonds classiques, mais de plus en plus via des ETF, le deuxième gérant d'actifs au monde en encours après BlackRock est aussi un poids lourd de la gestion active. Mais qu'il s'agisse de son activité de gestion active ou de celle de gestion passive, Vanguard est le champio des coûts bas : la société est en effet détenue par des fonds qu'elle gère, donc par des détenteurs de parts de ses fonds. Eh oui, c'est une structure mutualiste dans sa forme la plus achevée, qui fait bénéficier ses clients de toutes les économies d'échelle réaliséees depuis plus de 40 ans sous forme de baisse des frais de gestion.

Quand aux ETF, ces fonds répliquant un indice afin d'en délivrer la performance, il s' agit vraissemblablement d'une des innovations les plus bénéfiques de l'histoire pour les investisseurs. Pourquoi en effet s'évertuer à sélectionner des gérants actifs quand on sait que la plupart d'entre eux ne font pas mieux que le marché ? Et qu'il est extrêmement difficile, voire impossible d'identifier les très rares gérants capables de surperformer durablement à l'avance ?

Pour la majorité des investisseurs, la meilleure approche est celle que décrit Edouard Petit : définissez préalablement une allocation d'actifs vous permettant d'atteindre votre objectif. Cette allocation d'actifs initiale aura une influence déterminante sur la performance de votre investissement. Dans un deuxième temps seulement, sélectionnez des fonds indiciels à bas coûts (attention en effet : certains fonds indiciels sont très chers !). Ensuite épargnez régulièrement et ne cherchez pas à faire de paris.

J'ajouterais à l'usage des plus jeunes, un conseil supplémentaire : commencez le plus tôt possible, fût-ce avec de petites sommes. Et pour tous, un ultime conseil : n'écoutez pas le babil incessant des commentateurs. Si votre horizon de placement est de 30 ans, peu importe l'évolution du CAC 40 depuis hier, les derniers résultats trimestriels de Total ou l'impact du Brexit. Vous n'avez pas la moindre idée des conséquences des multiples évènements sur votre portefeuille, les journalistes et les « experts » non plus et votre portefeuille s'en moque complètement.

En bref : choisissez une allocation d'actifs, sélectionnez des ETF à bas coûts, limitez le nombre de transactions et ne vous laissez pas distraîre par le bruit médiatique.

Les investisseurs n'ont jamais été aussi choyés qu'aujourd'hui : grâce aux ETF, il est possible de s'exposer à la croissane de l'économie mondiale pour un très faible coût. En effet, un investisseur aux Etats-Unis peut se constituer un portefeuille diversifié d'actions et d'obligations coûtant moins de 0,10% de frais de gestion par an ; le marché français est nettement moins concurrentiel pour le moment, et il faut plutôt tabler sur des frais de gestion de 0,3 à 0,4% pour des ETF actions monde, et de 0,5 à 1% pour un fonds euros. Pour la partie actions, c'est bien moins cher que les fonds vendus par votre banque dans son contrat d'assurance vie maison.

Et grâce à la digitalisation, il existe aujourd'hui des canaux de distribution bien moins onéreux que les canaux traditionnels : si vous devez acheter en bourse pour votre PEA, utilisez un courtier en ligne, bien moins cher que votre banque. Et si vous voulez souscrire à un contrat d'assurance vie, vous avez l'embarras du choix sur internet : les contrats les moins chers ont des frais de gestion de l'ordre de 0,5% par an, là où le contrat de votre banque peut vous coûter 1% par an. La différence entre 0,5% et 1% peut apparaître faible à première vue. Mais rappelez-vous qu'il s'agit d'un coût que vous supportez, même si vous ne recevez pas de facture. J'utilise fréquemment une analogie avec le prix de l'essence. Imaginez que le litre d'essence SP 95 coûte 1,30 € dans une station-service discount et 2,60 € dans une station-service à l'enseigne d'un grand pétrolier. Feriez-vous un détour pour faire le plein à 1,30 € ? Le rapport entre un litre d'essence à 1,30 € et un litre à 2,60 € est le même qu'entre un contrat d'assurance vie à 0,5% par an et un autre à 1%.

Et le rapport est encore plus important entre les frais des fonds actions gérés activement (frais indolores que les investisseurs paient sans même s'en apercevoir) et ceux des ETF : les frais de gestion annuels des fonds actifs vont généralement de 1,80% à 2,4%, ceux des ETF actions de 0,2% à 0,6%. Si l'on prend 2% en moyenne pour les fonds actions gérés activement et 0,4% pour les ETF, le litre d'essence de la gestion active vous coûte 6,50 € contre 1,30 € pour celui de la gestion indicielle ! Feriez-vous un détour pour faire le plein à 1,30 € ? Et l'impact sur longue durée sur votre portefeuille de cette différence considérable est dévastateur !

Le dernier livre d'Edouard Petit vous fournit toutes les ressources pour que vous puissiez profiter de la révolution de la gestion indicielle à bas coûts et prendre en main la gestion de votre portefeuille. Bonne lecture !

Philippe Maupas

Philippe Maupas est consultant chez Alpha Beta Consulting et blogueur sur www.alphabetablog.com. Il tweete en anglais depuis le compte @philmop et en français depuis le compte @alphabetablogFR. Il a été directeur général de Morningstar France et a co-fondé Quantalys.

Il a été président de l'association CFA Society France, regroupant les détenteurs de la certification CFA.

Diplômé d'HEC, il est également détenteur des certifications CFA, CAIA, CIPM et AMF.


Inroduction

Lorsque j'ai écrit « Epargnant 3.0 », mon premier livre, je ne savais pas quel serait le résultat de cette expérience. L'objectif était tout simplement d'accomplir quelque chose de personnel et surtout de partager un savoir que je pense utile. Ces objectifs ont été plus qu'atteints. En effet, cela m'a beaucoup apporté de coucher ces idées sur le papier. Et la satisfaction a été décuplée, car l'ouvrage a rencontré son public bien au-delà de mes espérances. Les lecteurs ont été au rendez-vous et surtout nombre d'entre eux m'ont contacté pour me remercier et en savoir plus. J'essaye de répondre à ce besoin de connaissance sur mon blog. Mais tout le monde n'est pas adepte de la lecture sur ordinateur. De plus, l'organisation d'un blog ne permet pas de suivre aisément le cheminement de la pensée de son auteur. Un livre me semble être, en revanche, le médium le plus approprié pour apporter un cadre cohérent. C'est donc tout naturellement que je me suis lancé dans l'écriture de ce deuxième livre. Il a pour ambition de répondre à la question qu'on me pose le plus souvent : comment construire et piloter un portefeuille d'ETF ?

J'ai rédigé ce deuxième livre avec le même souci de clarté et de simplicité que le premier. J'ai aussi voulu que les concepts puissent être appréhendés dans la suite directe d'Epargnant 3.0. Cependant, il est probable qu'un peu de pratique entre la lecture du premier livre et de celui-ci aide grandement. Aussi, la lecture du premier livre me semble une aide précieuse pour tirer le meilleur parti de l'ouvrage que vous avez entre les mains. Je continue à m'appuyer sur des études réalisées par des chercheurs et praticiens de renom. Les principes et les idées décrites ici ne s'appuient pas sur des dogmes, mais des preuves. Aux Etats-Unis, cela s'appelles l'« evidence based investing ». Cependant, si dans Epargnant 3.0, l'idée était d'aller droit au but, ici la matière est plus nuancée. En effet, créer un portefeuille de trackers consiste à assembler consciencieusement différentes classes d'actifs. C'est ce qu'on appelle l'allocation d'actifs et cela s'apparente plus à de l'artisanat qu'à une science. Mais cet artisanat se fonde sur de bonnes pratiques, validées dans un cadre scientifique. Ces pratiques, je suis allé les chercher principalement dans le monde anglo-saxon, qui a une culture de l'investissement beaucoup plus importante que chez nous. Je ne peux citer toutes les sources, mais voici quelques écrits qui m'ont particulièrement influencé :

  • « Expecting Returns : An Investor's Guide to Harvesting Market Rewards », d'Antti Ilmanen.
  • « Asset Management : A Systematic Approach to Factor Investing «, d'Andrew Ang.
  • « Triumph of the Optimists : 101 Years of Global Investments Returns » par Elroy Dimson, Paul Marsh, Mike Staunton et mis à-dire jour annuellement dans le « Credit Suisse Global Investment Yearbook » avec de nouveaux articles passionnants.
  • L'ensemble des notes de recherche du fonds souverain norvégien.
  • Les ouvrages de Larry Swedroe, Jeremy Siegel et William Bernstein.

Ces livres sont destinés à un public très averti. Il a donc fallu synthétiser et rendre digeste toute cette matière. Aussi, ils sont, pour la plupart, écrits pour les investisseurs américains. Il a donc fallu transposer les concepts dans un contexte français. Nous n'avons ni les mêmes produits, ni la même fiscalité, ni le même système de retraite, que de l'autre côté de l'Atlantique. De plus, les enjeux d'investissement sont assez différents lorsque votre pays pèse plus de 50% de la capitalisation boursière mondiale et possède la monnaie de référence. La France, elle, ne représente que 3% de la capitalisation mondiale.

Ce livre a pour objectif de comprendre comment fonctionne chacune des classes d'actif, quel est l'impact de l'assemblage de différentes classes d'actifs et comment faire évoluer cet assemblage au cours de la vie. Il donne aussi des indications pratiques pour s'assurer d'investir dans de bons produits. Il donne, notamment, des informations sur les ETF actuellement sur le marché. Cependant, cette liste d'ETF ne peut être que très partielle.

A la fin de cet ouvrage vous serez certainement en capacité de construire des portefeuilles complexes, avec plus d'une dizaine d'ETF. Il faut cependant garder à l'esprit que la réussite d'un programme d'investissement tient plus à la maîtrise de son tempérament qu'à la complexité de son portefeuille. Les travers psychologiques des êtres humains sont les premières causes de l'échec.

D'ailleurs, si vous décidez finalement de vous en tenir à un ETF monde et à un fonds en euros, ce sera loin d'être un échec. Vous aurez progressé dans la compréhension de votre épargne et vous aurez su rester simple. En effet, le principal enjeu de ce livre n'est pas de vous entraîner vers plus de complexité, mais uniquement vers une meilleure compréhension. Et la compréhension est un gage de réussite.

Afin de vous aider dans la lecture, je souhaite aussi partager quelques éléments pratiques.

Je me suis efforcé d'être le plus compréhensible et structuré possible. Cependant, il s'agit d'une matière complexe et il est possible que, lors de la lecture d'un chapitre, vous ne trouviez la réponse à vos questions que dans le chapitre suivant. Il ne faut pas hésiter à sauter certains paragraphes, quitte à y revenir par la suite. De plus, j'aborde parfois les mêmes sujets sous plusieurs angles. Relire les chapitres sera donc peut-être nécessaire.

La plupart des performances que je reporte sont nettes d'inflation. Ce sont probablement des chiffres nettement en dessous du référentiel mental de la plupart des épargnants. Il est possible que cela donne moins de repères et ne facilite pas toujours la lecture. Cependant, à mon sens, la performance doit être reportée nette d'inflation, c'est à dire en monnaie constante, et donc à pouvoir d'achat constant. Il ne faut pas oublier que l'inflation en France est montée au début des années 80 à plus de 10% par an. A cette époque un excellent fonds en euros avait une performance de 12%. Cela correspond à 2% par an net d'inflation, ce qui est comparable aux rendements actuels. Aussi, en France entre 1900 et 2016, l'inflation a été de 6,9% par an. L'impact n'est pas neutre. Dans le monde, sur cette même période, l'inflation a été de 2,9% par an. Cela signifie que les actions ont eu une performance de 8,0% brute d'inflation et de 5,1% nette d'inflation. Mais les gains ont eux-mêmes engendré des gains. C'est le phénomène des intérêts composés. La valeur d'un investissement a été augmentée, en pouvoir d'achat, de 65% en moyenne tous les dix ans et multipliée par 2,7 tous les vingt ans. Il aura même été multiplié par 320 entre 1900 et 2016 !

L'inflation impacte naturellement toutes les classes d'actif. Tout le monde a dans l'idée que les prix de l'immobilier parisien ont explosé. En effet, ils ont presque été multipliés par dix entre 1980 et fin 2016. Mais cette évolution annualisée correspond à « seulement » 6,4% brut d'inflation et 3,5% net d'inflation. Certes, cette performance ne compte pas les loyers économisés ou facturés à un locataire. Cependant, elle ne compte pas non plus les frais liés à l'achat de l'immobilier ainsi que les nécessaires travaux d'entretiens, de mise aux normes et d'embellissement. Dans tous les cas, cela fait relativiser : 3,5% par an, net d'inflation, sur le long terme, apporte une très grande satisfaction aux épargnants. Au final, lorsque vous voyez des performances annualisées supérieures à 4% nettes d'inflation, il faudra penser que ce sont des performances excellentes.

J'en profite pour faire un petit rappel mathématique qui pourra faciliter la compréhension des chiffres présentés dans cet ouvrage. La performance annualisée des bourses mondiales des pays développés a été, dividendes compris, en euros, de 9,7% entre fin 1969 et fin 2016. Si l'on retranche l'inflation française, qui a été de 4,5% on obtient 5,2% en pouvoir d'achat constant. Cependant, la moyenne annuelle des performances annuelles est nettement supérieure à la performance annualisée. C'est tout à fait normal. Prenons un cas simple pour exemple. Un investissement perd 30% puis gagne 30%. Les 30% sont gagnés sur une valeur plus faible que la somme initiale. L'investissement aura eu une moyenne des performances de 0% mais l'épargnant aura subi une perte de 5%.

Dans ce livre, les performances sont reportées en » annualisé «. Il s'agit du bénéfice apporté sur la durée à l'épargnant. Mais la performance que vous pouvez attendre en moyenne chaque année est supérieure à la performance annualisée. Sur le plan mathématique, la moyenne des performances annuelles s'appelle la moyenne arithmétique. La performance annualisée s'appelle la moyenne géométrique. Il faut être attentif dans vos lectures, car certains gestionnaires ou auteurs peuvent reporter la performance sur la base d'une moyenne arithmétique. Cela peut induire en erreur.

Une autre propriété mathématique importante à connaître est naturellement la différence entre la moyenne et la médiane. La moitié des performances est supérieure à la médiane. Par exemple, la médiane des performances annuelles de l'indice monde depuis 1969, nettes d'inflation, a été de 10,6%. Cela signifie que 24 années sur les 47 années ont eu une performance supérieure à ce chiffre. C'est assez nettement supérieur à la moyenne, qui est de 7,1%. Cela est dû au fait que quelques années noires tirent la performance moyenne vers le bas. Prenons un cas général : trois années avec une performance de 5% et une année à -50% auront une médiane à 5% et une moyenne à -9%. Aussi depuis 1969, la performance d'un investissement mondial, en pouvoir d'achat constant, a été de 5,2%, mais il y avait chaque année 50% de chances d'avoir une performance supérieure à 10,5% nette d'inflation et même une chance sur deux d'avoir une performance supérieure à 15% brute d'inflation. Au final, chaque année, vous aviez aussi 2/3 de chances de faire mieux que la performance annualisée. Ce n'est qu'un exemple, mais il peut être généralisé. Vous avez, annuellement, largement plus de chances de faire plus que la moyenne annualisée que de faire moins bien. En effet, nous le verrons, beaucoup d'investissements (mais pas tous), ont quelques années catastrophiques qui font baisser la moyenne des performances et la performance moyenne annualisée 1.

Autre point important, les historiques des performances reportées peuvent remonter jusqu'à 1900, voire au-delà. Les graphiques aident en général à la compréhension, mais, dans ce cas précis, ils peuvent compliquer les choses. Ainsi, si l'on représente l'évolution des actions (brute d'inflation), de l'immobilier (sans loyer et brute d'inflation), et de l'inflation, en France depuis 1849 on obtient le graphique suivant :

Le graphique est trompeur, car, sur la durée, les actions ont eu une performance annualisée de 9,4%, l'immobilier de 6,4% et l'inflation de 4,9%. Par ailleurs, les actions ont eu une performance annualisée de 8,9% entre 1849 et 1969, et de 10,8% depuis 1970. Avant 1969, les actions, l'immobilier et l'inflation n'ont pas eu des performances nulles. Pourtant la ligne semble plate. Cela est dû à l'effet des intérêts composés. Une légère différence de performance modifie énormément les multiplicateurs sur une longue durée. Les actions ont bien été multipliées par plus de 3 millions (sans prendre en compte l'inflation) et l'immobilier par « seulement » 32 000. Pourtant l'écart annuel en pourcentage n'est pas si élevé.

Pour le voir, il faut modifier le graphique afin d'utiliser une échelle logarithmique. Ce type d'échelle permet de représenter un pourcentage d'évolution de 1900 avec le même écart visuel qu'en 2000. Le résultat est le suivant :

Ainsi, entre chaque ligne horizontale la valeur est multipliée par dix. Cela permet de mieux comparer les évolutions. Cependant, il ne faut pas oublier qu'un petit écart représente des sommes plus que significatives sur la durée. D'ailleurs, le graphique le plus parlant est certainement une échelle logarithmique nette d'inflation. On peut voir, notamment, que la valeur des actions et de l'immobilier ont été divisés par dix durant la Deuxième Guerre mondiale. Cela a été suivi par un rattrapage rapide dans les deux cas.

Nous analyserons plus en détail les performances de ces classes d'actifs. L'objectif est ici uniquement de montrer comment fonctionnent certains graphiques.

J'ai aussi inséré de nombreuses notes de bas de page qui pointent vers des sources fiables. Elles approfondissent encore plus les différents sujets abordés. De nombreuses références sont disponibles gratuitement sur Internet. Des centaines d'heures de lecture en perspectives pour les plus intéressés !

Avant de passer à la suite, il me semble opportun de rappeler quelques précautions d'usage souvent mises en avant, à juste raison, par l'Autorité des Marchés Financiers (AMF)2 :

  • Tout investissement présente des risques.
  • Il n'y a pas de performance élevée sans risque.
  • Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.

Veuillez aussi noter que les informations contenues dans cet ouvrage sont données à titre pédagogique. Le lecteur doit analyser en détail sa stratégie d'épargne et les supports (enveloppes et actifs) sur lesquels il investit. Il est seul responsable de ses décisions d'investissement.

Suite à ces formalités, je vous souhaite une excellente lecture. J'espère qu'elle vous enrichira tant sur le plan matériel que sur celui de la connaissance.

1 Pour les matheux, cela signifie que la courbe de distribution des performances annuelles suit une loi asymétrique avec un skew négatif.
2 www.amf-france.org, et en particulier la catégorie « Epargne Info Service ».

Table des matières

1. PREFACE de Philippe Maupas1
2. INTRODUCTION 5
3. LES PRINCIPES 11
L'ECOLE DU LAZY INVESTING11
POURQUOI FAIRE UN PORTEFEUILLE D'ETF ?17
4. LES ETF 21
LE FONCTIONNEMENT DES ETF21
LES RISQUES DES ETF28
CHOISIR UN ETF30
LES EMETTEURS D'ETF40
LES ENVELOPPES D'INVESTISSEMENT42
ACHETER UN ETF46
5. ASSEMBLER DES ETF 51
LES PRINCIPES DE LA DIVERSIFICATION51
LES RISQUES D'UN PORTEFEUILLE D'ACTIFS57
LA DIVERSIFICATION PENDANT LES CRISES63
6. LES ACTIONS 65
LE PORTEFEUILLE DE MARCHE 65
LES ZONES GEOGRAPHIQUES 68
LES ETF ACTIONS 75
LA COUVERTURE EN DEVISE 83
LES ETF A EFFET DE LEVIER 90
L'INVESTISSEMENT SOCIALEMENT RESPONSABLE 92
LA PERFORMANCE FUTURE DES ACTIONS 96
7. LE SMART BETA 101
DEFINITION ET ROBUSTESSE DES FACTEURS 101
LES PRINCIPAUX FACTEURS 105
MIXER LES FACTEURS AFIN DE REDUIRE LES RISQUES 116
LA PERFORMANCE FUTURE DES FACTEURS SMART BETA 120
LES ETF SMART BETA 124
LA SELECTION QUANTITATIVE D'ACTIONS 127
8. LES OBLIGATIONS ET LES FONDS EN EUROS 129
LES OBLIGATIONS D'ETAT 129
LES OBLIGATIONS D'ENTREPRISE 138
LES OBLIGATIONS ETRANGERES 142
LA PERFORMANCE FUTURE DES OBLIGATIONS 145
LES ETF OBLIGATAIRES 147
LES FONDS EN EUROS 149
9. LES BIENS TANGIBLES 153
L'IMMOBILIER 153
LES MATIERES PREMIERES 167
L'OR 172
10. LE PILOTAGE DU PORTEFEUILLE 177
L'EVOLUTION DU PORTEFEUILLE AU COURS DE LA VIE177
LA MAINTENANCE DE L'ALLOCATION CIBLE 188
L'ALLOCATION TACTIQUE 194
LA PSYCHOLOGIE DE L'INVESTISSEUR 202
11. L'ASSEMBLAGE DES CLASSES D'ACTIFS 213
L'UTILITE DES DIFFERENTES CLASSES D'ACTIF213
EXEMPLES DE PORTEFEUILLES217
COMMENT DEBUTER ?221
12. CONCLUSION 223
13. POSTFACE de Mourtaza Asad-Syed 225

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