Livre 'La Bourse ou la vie, La grande manipulation des petits actionnaires' de Philippe Labarde et Bernard Maris

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Caractéristiques

Auteur : Philippe Labarde & Bernard Maris
Publication : 2000
Editeur : Le livre de poche
ISBN : 2-253-15093-2
Nombre de pages : 189
Prix : 30,00 francs (4,57 euros)


4ème de couverture

Tous capitalistes ! Actions, fonds de pension, stock-options, portefeuille boursier géré "en ligne" sur Internet : chacun de nous est convié à entrerau royaume enchanté de la nouvelle économie.

A ces mots d'ordre, dans lesquels ils voient la propagande truquée d'un capitalisme plus que jamais arrogant, les auteurs de cet essai percutant et argumenté - un journaliste spécialisé, un professeur d'économie - opposent quelques convictions fortes.

La Bourse pour tous est une remise en cause radicale de la démocratie politique, appelée à se dissoudre dans le marché. C'est la soumission de chacun à la loi unique de la finance, au détriment de toutes les valeurs collectives, de l'écologie à la santé, de la solidarité à la culture. C'est un jeu cynique où les gagnants et les maîtres seront toujours du même côté.

Avec une réjouissante pugnacité, Philippe Labarde et Bernard Maris nous aident à y voir clair dans le système économique actuel, afin de choisir en connaissance de cause entre la Bourse et la vie.

L'essai de Maris et Labarde nous sort des sentiers battus d'un libéralisme diffus et obsessionnel. La pensée Wall Street a trouvé un antidote.
Laurent Joffrin,Le Nouvel Observateur.

De l'élan, du style et de la colère pour un vrai sujet grave : le marché contre la démocratie."
Jean de Belot, Le Figaro.


Prologue

A bas la démocratie !

Le professeur Hans-Hermann Hoppe, qui enseigne l'économie à l'université du Nevada à Las Vegas, mériterait d'être mieux connu. Dans un article intitulé "Down with Democracy" - A bas la démocratie -, publié par la très sérieuse revue Entreprise and Education, il dénonce le principe d'élection "un homme, une voix". Imaginez un vote mondial, dit-il. Quel gouvernement aurions-nous ? Probablement une coalition cino-indienne. Que constateraient les représentants du peuple ? Que l'Occident est bien trop riche et l'Orient bien trop pauvre, et qu'il convient de faire passer une partie des richesses du premier vers le second.

Le principe "un homme, une voix", dit le professeur Hoppe, plus la possibilité d'entrer dans l'appareil d'Etat impliquent que "toute personne et sa propriété personnelle sont mises à la portée de toutes les autres, et ouvertes à leur pillage". Dans les démocraties, on peut s'attendre à ce que "les majorités (ceux qui "n'ont pas") tentent sans relâche de se remplir les poches aux dépens des minorités (ceux qui "ont")". Les riches, dit l'éminent personnage, "sont généralement intelligents et industrieux, alors que les pauvres sont foncièrement stupides, paresseux ou les deux à la fois... En subventionnant les tire-au-flanc, les négligents, les alcooliques, les drogués, les sidéens, et les "handicapés" physiques et mentaux par la réglementation de l'assurance et par l'assurance maladie obligatoire, on aura davantage de maladies, de paresse, de névroses, d'imprévoyance, d'alcoolisme, de dépendance à la drogue, d'infections par le sida, ainsi que de tares physiques ou mentales".

Vous vous arrêtez de lire, contenez votre rage, ou haussez les épaules simplement : ce genre de discours néovictorien, on connaît. Il prend la forme d'une petite musique que l'on entend dans la bouche de Michel Bon quand il évoque les chômeurs de confort, d'Alain Madelin quand il parle des effets pervers du Smic, de Denis Kessler quand il gémit sur l' innefficacité de la Sécurité sociale. C'était le discours de Malthus qui disait que "les lois sur les pauvres créent les pauvres qu'elles assistent", de Pareto clamant qu'à celui qui a 10, quelle que soit la manière dont il a acquis ces 10, on donnera la note 10, et à celui qui a zéro on donnera la note zéro. Vae victis, malheur aux vaincus. Soit.

Mais c'est pis encore. Selon Hoppe, les pauvres, même majoritaires, seraient trop inhibés pour s'affranchir.

Si l'on laisse faire la démocratie - un homme égale une voix - que va-t-il se passer ? Va-t-on voir un transfert massif des riches vers les pauvres ? Non. On va observer exactement l'inverse. Les riches, plus intelligents et plus industrieux, vont rouler les pauvres. Les riches vont se faire subventionner par les pauvres. Par les études universitaires gratuites, qui profitent aux élites ; par le "logement social", peuplé de classes en moyenne plus riches que la population dans son ensemble ; par le salaire minimum, qui interdit aux plus pauvres de travailler pour que les "nantis d'un emploi" touchent plus en étant protégés de la concurrence. Et enfin, par la retraite par répartition, laquelle subventionne les bourgeois et les fonctionnaires, qui vivent plus longtemps et commencent plus tard à travailler au détriment des ouvriers qui travaillent plus tôt et meurent plus vite.

Le professeur Hoppe illustre la superbe technique dite de "l'effet pervers" utilisée par les réactionnaires depuis que la protection des puissants par leurs folliculaires existe : vous croyiez bien agir ? Vous vouliez faire le bien ? Vous vouliez donner du pouvoir aux faibles pour redistribuer ? Vous aboutirez à l'inverse. Cette thèse fut magistralement illustrée il y'a peu par une couverture misérabiliste et ignoble - le mot est faible - de l'hebdomadaire The Economist, montrant que les victimes de l'échec de la négociation de commerciale de Seattle, contrairement à ce qu' espéraient les manifestants, n'étaient pas les multinationales, mais les affamés d'Afrique. Que les multinationales aient transformé le monde , et l'Afrique en particulier, en bidonville, n'est pas envisagé par The Economist, selon une autre technique réactionnaire, fort efficace, qui consiste à appeler une souris un chat.

Mais revenons aux propos du professeur. Vous êtes pour le partage ? susurre-t-il. La règle absolue, axiomatique, est que le partage est fait par le lion. C'est lui qui se sert le premier. La redistribution politique est administrée par les serviteurs du lion, donc par les puissants, aux dépens des faibles. Elle se fait toujours au profit des puissants.

Alors, ne faites pas confiance au lion. Faites confiance à vous-mêmes, au marché et au contrat. Soyez propriétaires. Au principe "un homme, une voix", substituez le principe "un dollar, une voix". Et laissez faire.

On pourrait appeler "République des actionnaires" le modèle de gouvernement proposé par le professeur Hoppe, fonctionnant selon le principe un dollar égale une voix. Il y a des riches, il y a des pauvres. Depuis vingt ans, il y a des très-très-très riches et des très-très-très pauvres. Qui sont les enrichis ? Des profiteurs ? Non. Des gens intelligents, habiles, ayant compris l'émergence d'un fabuleux marché avant les autres, Internet, et payés à proportion de leur talent. Vous n'avez pas ce talent ? Ne vous plaignez pas. Vous voulez vous enrichir ? Soyez entreprenants. Les stock-options, les actions, la Bourse feront le reste. Raisonnez en propriétaires. Oubliez la démocratie. Pensez au marché. A l'immense marché qui s'ouvre sous vos yeux. Partez vers la Californie ; ruez-vous vers les nouvelles mines d'or. Salariés, devenez actionnaires.

Le raisonnement du professeur Hoppe n'est-il pas imparable ?

L'objet de ce modeste livre est de montrer précisément que ce "raisonnement" n'est que sophisme totalisant, de la farine alimentant les régimes totalitaires. Laissons encore le professeur, membre d'une bonne université (Las Vegas) dans un système universitaire prestigieux (celui des Etats-Unis), discourir de cette inlassable "parole libérale de bon sens", parlée par la quasi-totalité de l'élite aujourd'hui : "Ce n'est pas la démocratie, mais la propriété privée, la production et l'échange volontaire qui sont les véritables sources de la civilisation et de la prospérité humaines." Civilisation... Rien que ça !

Le marché, le contrat sont l'unique et l'ultime règle de vie des hommes - vie économique, vie morale, vie éthique. Isolé, le professeur Hoppe ? Evidemment pas. Une majorité de prix Nobel d'économie, et des plus prestigieux (Milton Friedman, James Buchanan, George Stigler, Gary Becker), tiennent le même discours, à peine un peu plus extrémiste. Tous les chefs d'entreprise l'ont adopté. Quant aux hommes politiques, on comptera sur la moitié des doigts de la main gauche et le tiers de la droite ceux qui n'osent pas le tenir, le marché des droits de pollution leur paraissant l'ultime sauvegarde de la nature, même chez les écologistes. Car il est bien normal de demander au tortionnaire, le marché, de panser les plaies de la victime.

Le "règne sans partage des propriétaires" qui s'amorce en ce début de siècle, la naissante République des actionnaires sont, au contraire, la fin de la civilisation. Ami lecteur, au terme de ce livre, il faudra choisir : la Bourse ou la vie.

Mais, vous direz-vous, certains boursicotent et vivent. C'est vrai.

Ricardo, l'un des plus grands économistes de tous les temps, fit fortune à 20 ans et passa le reste de sa vie à musarder, faire de la politique, écrire des livres, et goûter (sobrement) du vin de Porto. Keynes boursicota, perdit, gagna, fit fortune à trente-cinq ans, puis s'intéressa à la politique, écrivit des livres, collectionna les tableaux, les monnaies, les amants, les amis, avant d'ouvrir un théâtre pour la plus belle femme de son temps qu'il venait d'épouser, et ne regretta au moment de mourir qu'une chose : ne pas avoir assez bu de champagne. Ricardo et Keynes ne sont pas Bill Gates. Ils en sont l'antithèse. Ils n'ont rien à voir avec la quasi-totalité des chefs d'entreprise ou de leurs serviteurs qui chantent la gloire de la Bourse. Que des milliardaires jouent en Bourse, au casino, à la roulette russe ou au mikado n'a jamais empêché les palombes de nidifier, les autruches de se cacher et les lecteurs de success story de rêver. Mais que des chefs d'entreprise, des think tanks (l'OCDE, le Commissariat au plan, le Conseil d'analyse économique...), des économistes proposent à tout un chacun de troquer la chemise de leur salaire contre la feuille de vigne d'une épargne en actions ou le string des options d'actions (stock-options), voilà qui ne reflète pas un art de vivre, mais de voler. De racketter même, car voler a encore un petit parfum de bois, de myrtilles et de Robin.

Le professeur Hoppe propose une nouvelle démocratie : un dollar, une voix. Comme la nouvelle économie, qui ressemble fort à l'ancienne et à l'exploitation forcenée du travail, la nouvelle démocratie est un retour à la féodalité et au règne sans partage des chefs de guerre économique qui meurent tous dans leur lit. Sur un large matelas de stock-options.


Table des matières

Prologue. A bas la démocratie ! 9
 
1. L'avenir radieux de la nouvelle économie 17
   L'explosion des services 20
   Internet, portail de la croissance infinie 22
   Le hard et le soft 26
   Le partage du gâteau 30
   A nouvelle économie, nouveaux esclaves 33
   Et les cadres ? 36
   Le néostakhanovisme 40
   Et les ouvriers ? 43
   Le partage 47
   Et de l'autre côté ? 49
   Mondialisation, "bidonvillisation" 52
 
2. Privatisations 57
   Le refus du débat sur la propriété publique 58
   Qui fixe le prix des privatisées ? 63
   Transparence et manipulation 65
   L'arrivée des étrangers 67
 
3. Les fonds de pention 71
   Vous n'aurez pas de retraite 73
   Le système par répartition peut-il résister ? 77
   Le rapport Teulade et l'argument de la productivité 78
   L'assiette du financement 82
   Qui épargne ? 85
   L'argent fait-il des petits ? 88
   Après : "Donne-moi ta montre, je te donne l'heure",
"Donne aussi ta chemise, tu auras la météo"
90
   Quand la démographie tue aussi les fonds de pension 91
   L'appel aux Chinois 96
   L'impossible caisse de retraite par capitalisation 98
   Les retraités britanniques, ou "salut les cocus !" 100
 
4. La Bourse 107
   Pourquoi ne deviendriez-vous pas actionnaires ? 108
   Démocratie dans l'entreprise ? 111
   Le corporate governance 114
   Le pouvoir dans l'entreprise 117
   Actionnaire et citoyen 120
   La Bourse appartient aux étrangers 121
   Transférer les risques du capital sur le travail 124
   Les fonds de pension français vont sauver des emplois français127
   La veuve écossaise ou le postier de Sacramento
profitent de la sueur française
130
   Les fonds se comportent en pères de famille 135
   Il faut de l'argent pour les entreprises françaises 137
   Rachats d'actions 139
   La Bourse ne crée pas de valeur 141
   Au-delà du salaire : les stock-options 143
   Un salaire contre une promesse de profit 146
   L'économie des stock-options 149
 
5. Au-delà du profit 153
   Actionnaire ou citoyen ? 159
   La propriété 160
   Pourquoi accumuler ? 162
   Les fonds éthiques d'entreprise 166
 
Epilogue : Au-delà du capitalisme 173
   Le capitalisme n'est pas la civilisation 176
   La main qui donne, la main qui vend 179
   Que faire ? 181
Corrigés des exercices 257
Bibliographie 37
Index 321

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