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Réflexions au sujet du Nouveau Marché
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En cette fin de premier semestre 2000, les différentes mailing-list et autres forums consacrés à la bourse voient fleurir une question qui revient comme un leitmotiv : 'pourquoi le NM baisse ?' et 'pourquoi le NM baisse-t-il alors que le Nasdaq remonte ?'.
Ces questions me semblent particulièrement intéressantes, d'autant que les réponses sont probablement susceptibles de nous apporter des enseignements utiles pour l'avenir.
Si la première partie de cette page n'apportera probablement rien aux plus avertis d'entre-vous, je serais heureux de lire vos remarques sur la suite, n'hésitez pas à .
Pourquoi le Nouveau Marché baisse-t-il depuis la mi-mars 2000
?
Bon, ok pour la baisse, mais pourquoi le NM ne suit-il pas le
rebond du Nasdaq alors qu'il l'a suivi à la baisse ?
Et on en fait quoi de tout ça ?

Le NM a énormément monté fin 1999 et début 2000. Il est passé de 1380.35 points le 19 octobre 1999 à 7481.18 points le 10 mars 2000, soit une hausse de 442% en cinq mois !!! Fin 1999, l'engouement des valeurs technologiques et plus principalement de celles typées 'internet' a littéralement propulsé le Nouveau Marché vers des sommets jusqu'alors inconnus. Las, à partir de la mi-mars, la chute a été à la mesure (peut-être devrions nous dire à la démesure) de la hausse précédente.
La chute du nouveau marché est tout simplement et sans aucun doute dûe à l'intense spéculation sur les valeurs technologiques. Les valorisations atteintes par des sociétés souvent sans passé et ne faisant que peu de bénéfices (voire même des pertes) ont tout simplement fini par déboucher sur un état où tout acheteur devait endosser un risque énorme pour une perspective de gain illusoire et ridicule. Le cours d'un titre étant la résultante d'une offre de vente et d'une offre d'achat, lorsqu'il n'y a plus d'acheteur, le cours baisse. Si une bulle s'était formée (ce qui était manifestement le cas), il y'a alors très peu d'acheteurs, par contre, on trouve de nombreux vendeurs désireux de matérialiser leurs plus-values latentes. Ils vendent donc, en alimentant ainsi la baisse ce qui finit par créer un effet boule de neige. CQFD !
J'attire par ailleurs votre attention sur le fait que les valeurs les plus liquides, valeurs phares lors de la hausse ont commencé à corriger un bon mois avant la chute de l'indice. On peut vérifier facilement ce fait en regardant les courbes de valeurs telles qu'Europstat, Fi System, Intégra ou Valtech.
Pour essayer de répondre, je pense qu'il faut d'abord comparer le Nouveau Marché et le Réglement Mensuel. Voici la courbe du CAC40 sur la même période :

Le NM a atteint un sommet en juin 1998 à 1923.12 points, il a ensuite plongé comme le RM, mais pour tomber à 1070.25 points, soit une perte de plus de 44%. Le CAC est passé dans le même temps ou presque de 4388 à 2959, soit un retracement de 32%. Trois mois plus tard, le CAC avait retrouvé son plus haut. Le NM a mis 17 mois pour y revenir avec une très grosse déprime pendant 7 mois. Après ses 17 mois de punition, le NM a boosté de 350% en 7 mois, le CAC faisait quant à lui +66% en 14 mois.
On peut en déduire que :
1) le NM chute plus fort que le CAC, ce qui s'est de nouveau
vérifié en mars 2000 (technos NM vs technos RM);
2) les plongeons dépriment plus le NM que le RM.
3) quand ça booste, ça booste plus fort sur le NM.
Pourquoi ?
Probablement parce que la volatilité est plus forte sur le NM que sur le RM, mais avec des distorsions. Quand ça a bien chuté, la volatilité se calme et le NM met alors longtemps à reprendre confiance. On pourrait croire qu'il s'agit d'une spécificité du NM liée au fait qu'il s'agit d'un marché n'hébergeant que des valeurs technologiques, donc qu'il s'agit d'un marché de nature différente du RM, mais on trouve la même différence entre le Second Marché et le RM (voir la courbe du SM ci-dessous) qu'entre le NM et le RM, donc c'est dû à autre chose. Et cette autre chose pourrait bien être la liquidité des titres. En effet, les valeurs du NM et du SM sont des valeurs souvent peu liquides présentant de surcroît un flottant étroit. Cette différence de liquidité induit donc une différence d'opérateurs. Il y'a beaucoup moins d'institutionnels sur le NM ou le SM que sur le RM, ce qui implique que la proportion de particuliers y est plus importante et le poids de leurs transactions sur l'évolution des cours aussi. Le manque de liquidité et la nature différente des opérateurs explique la volatilité supérieure.
Le poids accru des particuliers explique à mon sens l'amplitude des grands mouvements de hausse et de baisse. Lorsque ça monte fort, les perspectives de gains faciles et rapides attirent les particuliers comme des mouches, ceux-ci étant en moyenne beaucoup moins conscients des risques que les institutionnels, ils n'hésitent pas à acheter au plus haut, alimentant ainsi la hausse. Et lorsque ça baisse, les particuliers sont 'vaccinés', jurent qu'on ne les y reprendra plus. Une baisse importante touche beaucoup plus la psychologie des particuliers que celle des professionnels des marchés. Cette hypothèse est validée par la comparaison entre le NM et le NASDAQ. Ces deux marchés sont tous deux réservés aux valeurs technologiques, mais leurs liquidités sont sans commune mesure. Et l'on retrouve les mêmes différences entre les courbes du NM et du Nasdaq qu'entre celles du NM et du RM.
Si on regarde le NM et le SM, ils ont tous les deux redémarrés en avril 1999, alors que le CAC lui s'est plutôt mis à consolider à ce moment là.
Pourquoi avril 1999 ?
Ben je ne sais pas, mais j'émets une hypothèse qui me semble plausible : c'est exactement le moment où le CAC a retrouvé ses plus hauts d'avant le mini-crack du second semestre 1998. Pendant les six mois précédents, le gap entre RM et NM ou SM n'a cessé de s'accroître. Les pros ont peut-être commencé à douter du RM, puisqu'il était revenu à ses plus hauts, et les journaux matraquaient le public avec le retard des small caps, ce qui a fini par provoquer un rattrapage des small caps.
Jusqu'ici, rien d'extraordinaire (par la suite non plus, je vous rassure), mais il reste un élément intéressant. Lors de la chute du NM, certaines valeurs ont commencé à chuter avant les autres. Si on regarde les courbes des valeurs phares telles qu'Europstat, Fi System, Intégra ou Valtech par exemple, on constate qu'elles ont toutes commencé à corriger mi-février, soit un bon mois avant la chute des autres valeurs intervenue mi-mars.


De la même manière, ces valeurs avaient commencé à monter avant les autres, vers juillet/août 1999, alors que de nombreuses autres valeurs ont démarré beaucoup plus tard.
Surveiller les plus grosses capitalisations du NM permet donc peut-être d'anticiper les mouvements de ce marché. Si quelqu'un a réalisé une étude là-dessus, je suis preneur, sinon, j'en ferais une dès que je trouverais le temps.
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