Ils ont battu Wall Street

Couverture du livre 'Ils ont battu Wall Street'

Commander ce livre sur Amazon


Caractéristiques

Auteur : Thomas Bass
Publication : 2002 (1999 pour l'édition originale)
Titre original : The predictors
Traducteur : Pauline Baggio
Editeur : Editions Village Mondial, Pearson Education
ISBN : 2-84211-158-3
Nombre de pages : 332
Prix : 22,80 Euros


4ème de couverture

A Santa Fe, au fin fond des Etats-Unis, un groupe de physiciens décontractés crée une entreprise sans nom ni produit à vendre. Pour quoi faire ? Pour battre Wall Street !

Si les marchés financiers ont un comportement apparemment désordonné et irrationnel, les sciences du chaos et de la complexité peuvent en rendre compte et, surtout, prédire leurs mouvements. Créer de nouveaux outils informatiques pour les appliquer au grand jeu de la finance mondiale, tel est le pari de cette équipe pas banale.

Leur histoire exceptionnelle vous entraînera de la corbeille de Chicago au désert du Nouveau-Mexique, des opérations sur produits dérivés à l'étude scientifique des robinets qui coulent, des couloirs des plus puissantes banques d'affaires à la Fiesta de Santa Fe...

Ces chercheurs-entrepreneurs arriveront-ils à modéliser les fluctuations des valeurs et à gagner en Bourse avec leurs ordinateurs ? Sauront-ils se transformer en financiers et en traders ? Ont-ils jetés les bases d'une véritable "science de la prédiction" ?

 

Thomas bass écrit dans les plus grands journaux américains ("New yorker", "wired"...). Il a suivi pendant plusieurs années le groupe dont il raconte l'histoire et a déjà publié un livre - "Des ordinateurs contre Las Vegas" - sur leur première invention, un logiciel capable de prédire les résultats de la roulette. Il vit à New York et à Paris.


Turbulence (préface)

C'est une pagaille monstre à la Bourse de Chicago. Un raz de marée spéculatif venu d'Asie a emporté le marché de l'or à Zurich avant de déferler sur le parquet de la Bourse des matières premières. Des centaines d'hommes et quelques femmes, serrés comme des sardines dans des arènes cerclées de hauts gradins, crient et agitent leurs mains levées, paumes vers l'extérieur, faisant des offres désespérées pour faire chuter le cours de l'eurodollar. Le marché descend plus vite que les ordres ne peuvent être exécutés. Les ordinateurs de la Bourse ont explosé. Au-dessus des corbeilles, les trois niveaux du panneau lumineux n'arrivent plus à suivre les transactions. Les traders en vestes rouge et jaune vif, tels des marins en gilet de sauvetage, crient à la rescousse, tentant d'échapper à la débâcle boursière qui s'apprête à les engloutir.

Ce n'est pas un jour à chiffres où le Ministère du Commerce fait état de la température de l'économie. Ce n'est pas non plus l'heure triplement fataleoù les contrats trimestriels arrivent à échéance. Ni les spéculateurs misant leur propre argent ni les courtiers travaillant pour le compte d'entreprises n'avaient deviné qu'une telle vague d'ordres de vente, telle une lame de fond, allait balayer toute l'Asie, puis l'Europe, avant de venir inonder Chicago. Vissés sur leurs gradins, une houle de fiches boursières à leurs pieds, les traders au teint rouge se démènent pour traiter un marché de devises étrangères si important qu'à la fin de la journée, plus de mille milliards de dollars auront changé de mains.

Au tumulte et aux cris des traders se mêle le son des sirènes qui ralentissent tous les quarts d'heure et le vacarme des haut-parleurs qui émettent d'incompréhensibles messages. Autour des corbeilles, on voit de petits groupes de commis chargés d'aller déposer des ordres aux mille guichets situés plus haut, au-dessus du plancher. Là, des commis, portant de multiples téléphones autour du cou, s'agitent en une danse rythmée par les ordres du jour. Du haut des balustrades en métal surplombant les corbeilles, des officiels en manteau bleu surveillent les opérations. Ils interprètent tous les froncements de sourcils et signes de tête et les enregistrent sur les téléscripteurs électroniques qui projettent les données sur le mur et les transmettent aux quatre cent mille écrans d'ordinateur sur lesquels les traders financiers du monde entier suivent les transactions en ce huitième jour d'avril 1996.

Le droit d'entrée pour une place debout dans une Bourse de matières premières est d'un demi-million de dollars. S'il y'a bien des façons de jouer le jeu, il n'existe vraiment que deux types de joueurs : les spéculateurs et les arbitragistes. Ceux qui raflent les profits de marchés turbulents et ceux qui cherchent à s'abriter de la tempête. Les spéculateurs génèrent quatre-vingt-dix-sept pour cent du volume quotidien des transactions. C'est le chiffre officiel publié par la Bourse des matières premières, qui soutient les spéculateurs, indispensables pour assurer "l'ampleur et la liquidité" des marchés. Ce sont les spéculateurs qui font tourner la Bourse, les arbitragistes l'alimentent en fonds, et à eux deux, ils entretiennent la frénésie des marchés financiers mondiaux.

Ce système de criée selon lequel chaque courtier vend aux enchères ses propres actions et où les prix sont annoncés au monde à tue-tête, donne lieu aujourd'hui à un véritable tourbillon de vendeurs en quête d'acheteurs. Le virus de la vente a maintenant gagné les taux d'intérêt, puis toutes les matières premières dont le coût augmentera lorsque le prix de l'argent aura monté. Tout le monde crie et gesticule. Paume vers l'extérieur, "à vendre" ! Paume vers l'intérieur, "à acheter" ! Les doigts près du visage indiquent la quantité. les doigts au niveau des épaules, le prix. Les doigts dressés à la verticale, c'est pour compter de un à cinq. Les doigts à l'horizontale, pour compter de six à neuf. Les nombres à un seul chiffre se comptent sur le menton. Les dizaines sur le front. Pour un ordre "tout ou rien", on fait comme si on se tirait un coup de revolver dans la tempe. "Deux mille à vendre", on imite les cornes du cocu.

Les traders font sans cesse des signes "entre guillemets" au-dessus de leur tête pour vérifier le prix auquel leurs ordres sont exécutés, et partout les courtiers se tirent le lobe de l'oreille - ce qui veut dire qu'ils exécutent un ordre quel qu'en soit le prix. Ils essaient désespérément de trouver un courtier de l'autre côté de la corbeille qui puisse leur signaler, en pointant le nez vers le haut, que leur ordre a été exécuté. Toute la matinée, les cris montent pour les paquets de dix, les paquets de mille, un paquet correspondant à un contrat à terme qui peut valoir jusqu'à cinq millions de dollars. Les spéculateurs agitent fébrilement les mains comme des papillons pour essayer d'attirer des produits dérivés, ou se mettent les mains à la gorge dans l'espoir d'obtenir des options "strangle" ou combinaisons. Ils se tapotent constamment le sommet du crâne, se demandant quelle est l'ampleur du marché. Ils lèvent et baissent les coudes pour indiquer les ordres au mieux ou les ordres à cours limité ; pour annuler les ordres à cours limité, ils donnent l'impression de s'égorger.

De grands gaillards, chaussés de souliers à pointes d'acier, qui perdront la voix et se retireront avant la quarantaine dans des bureaux bien calmes, sont tous tellement serrés les uns contre les autres qu'ils savent ce que leurs voisins ont mangé au petit-déjeuner. Ils remontent leur veste au-dessus de la tête si l'un d'eux se prend à péter et s'attrapent par les couilles après une bonne transaction. Ils sifflent quand ils se trouvent à proximité d'une femme qui fait son apprentissage de commis. Ce sont tous des types qui ont une bonne descente, un taux élevé de cholestérol, des comportements de grands gamins mal dégrossis, et aujourd'hui ils jettent les eurodollars par la fenêtre et jouent serré contre le Trésor des Etats-Unis. La blague qui circule à Chicago est que, s'ils n'étaient pas à la tête des marchés financiers mondiaux, ils seraient tous chauffeurs de taxi.

A trois mille kilomètres de là, près de la gare de Santa Fe, au Nouveau-Mexique, se trouve un vieil entrepôt de Coca-Cola. Un magasin de brocante et une boutique spécialisée en ésotérisme où l'on vend des boules de cristal en occupent le rez-de-chaussée. Le premier étage est bien retapé, avec ses murs en stuc couleur sable et ses deux rangées de spots. Il y'a une cuisine et une salle de bains, cinq anciennes chambres à coucher reconverties en bureaux et un espace central, bien éclairé par le soleil, d'où part un escalier menant à un belvédère sur le toit. Dans la grande pièce, des plantes suspendues au plafond, un sofa, une table et deux ordinateurs. Sur les écrans, des lignes vertes en dents de scie indiquant l'évolution des marchés financiers continuent d'effectuer leurs zigzags...

Après avoir fini de déjeuner au restaurant juste en face, le Zia Diner, une douzaine d'hommes et de femmes en sandales, en short et en tee-shirt avec par exemple un dessin de limace à lunettes ou de la première bicyclette de Léonard de Vinci, montent l'escalier du dépôt. Les hommes sont grands et minces, à part le corpulent Dave DeMers, la peau brune à force d'avoir passé tant de journées de printemps dans son kayak. Les deux femmes du groupe, également en short et en sandales, sont tout aussi en forme. Clara, chien de montagne bernois doté d'un oeil brun et d'un oeil bleu, fonce au premier étage, remue la queue et aboie une seule fois.

"Un seul ouah, ça veut dire qu'on gagne ! dit Doyne, frottant le chien derrière l'oreille. Allons donc voir ce qui se passe."

Il ouvre la porte, traverse la pièce et, dès le premier coup d'oeil sur les ordinateurs qui clignotent, constate que Clara avait raison. Toute la matinée, les machines ont vendu à découvert, écoulé des actions dans des marchés qui, selon, selon leurs prédictions, allaient être en baisse.

"Pas mal", dit Norman, souriant à la vue des gains de la journée qui s'affichent sur l'écran d'ordinateur devant eux. "C'était un déjeuner de millionnaire."

"Il faut célébrer ça", annonce DeMers, qui fourrage dans le frigidaire parmi les canettes de soda et les restes de gâteau d'anniversaire pour en ressortir une bouteille de champagne.

"Bip !" déclare l'ordinateur, enregistrant la dernière transaction de la journée.

En fin d'après-midi, ils saisissent la bouteille de champagne et montent sur la terrasse, sur le toit. A leurs pieds, ils aperçoivent les maisons en adobe* rouge de Santa Fe à travers les légers feuillages de peupliers de Virginie et de saules. Au loin, à l'est, les pics enneigés de la chaîne Sangre de Cristos. A l'ouest, plus bas, les striures des mesas bordant la vallée du Rio Grande. L'air est rempli de l'odeur de pins pignons qui brûlent. Le soleil couchant déploie sur le désert une palette de teintes ocre et terre d'ombre, tandis qu'un croissant de lune s'élève dans un ciel sans nuage. Belle journée où il fait bon être vivant. Belle journée pour avoir un million de dollars de plus dans la poche.

Pour de gros joueurs sur les marchés financiers mondiaux, qui travaillent souvent au-delà de minuit, ils ont l'air agréablement détendus. Ce week-end, personne ne va suivre les marchés asiatiques ni se soucier des cours d'ouverture de lundi. Pendant que leur système informatique continuera à fonctionner tout seul dans son coin, Sonia ira grimper le mont Baldy à Santa Fe ; William explorera en kayak les gorges du Rio Grande ; Doyne testera son nouveau VTT sur les pentes des montagnes Glorieta ; Norman et sa famille iront ramasser des champignons derrière Los Alamos ; quant à Karen, elle s'occupera de son jardin.

"Qui sait, on a peut-être finalement réussi à percer le mystère", déclare Doyne en se tournant vers Norman, allongé près de lui sur une chaise longue. "En tout cas, tout ça, c'est tellement mieux que de perdre", dit-il en faisant une petite grimace.

Levant son verre, Norman propose un toast : "A notre prochain million !"

 

* Briques séchées (N.D.T.).


Sommaire

Turbulence9
Boîte noire15
Traders clairvoyants29
Le capital43
Zozobra57
Le costume à cinquante millions de dollars73
Une classe d'un niveau supérieur87
Le canyon du capitalisme103
Un clone de M. Jones117
Le parti idéal133
Une balade dans les marais145
Le fantôme d'Oppenheimer159
Mariage d'argent169
Cités d'or187
Premier rendez-vous203
Que dalle !213
Phynance229
Kinderkrankheiten239
La malédiction de la dimensionnalité251
La quête du Graal265
La force du marché283
Menottes dorées293
Divergence rapide de trajectoires voisines305
Vitesse de décrochage317
 
Remerciements331

Acheter ce livre

Acheter le livre 'Ils ont battu Wall Street !' sur Amazon.


 Haut de la page  Bibliographie  Itinéraire de lectures  Sommaire du site

  Newsletter

Pour recevoir nos derniers articles, détachements de dividendes et offres de placements :

S'abonner à la newsletter


Nous contacter ou nous suivre sur les réseaux

Site hébergé par OVH - 2 rue Kellermann - 59100 Roubaix - France - Tel : 09 72 10 10 10